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Focus sur le parcours d'un Inseecois - Yann Guillaume (promo 1992)

Focus sur le parcours d'un Inseecois

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24/09/2020

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Yann GUILLAUME (Inseec Bordeaux - Promo 1992) 

Un parcours professionnel se modèle au fil de l'eau au gré des courants... 


Rien ne me destinait à faire ce que je fais aujourd’hui mais tout ce que je fais aujourd’hui s’est construit grâce à une succession d’étapes dont le sens global m’échappait sur le moment. Même les « jobs étudiant » de mes études à l’INSEEC ont eu une résonance à un moment donné de mon parcours professionnel. Cette vision d’un parcours professionnel qui s’écrit au fil de l’eau est sans doute très personnelle. Je vais maintenant vous présenter mon parcours.

En 1992, je suis diplômé de l’INSEEC Bordeaux, option contrôle de gestion et commence par satisfaire à mes obligations de citoyen en partant réaliser mon service militaire. Je devais faire un service civil et finalement sur un coup de tête j’opte au dernier moment pour un service militaire dans les troupes de marine en Polynésie. Je retiens de ce service militaire beaucoup de choses qui m’ont ensuite servi : le goût du sport et de l’engagement, la rencontre de personnes qui m’ont appris d’autres manières de penser et d’apprécier les situations, professionnelles ou personnelles. Je précise ici cette première étape car ce passage aura un écho un peu plus tard dans la suite de mon parcours professionnel. 

De retour en métropole en 1994 je passe plusieurs entretiens, tous dans le commercial car au final cela m’attire nettement plus que le contrôle de gestion (mon option de 3ème année) et, par chance, en temps de crise c’est le domaine le plus recherché par les entreprises ! Je passe les sélections et échoue en final chez Sony France ; le directeur régional m’incite à retenter ma chance dès qu’une opportunité se renouvelle. Je commence alors à travailler comme commercial grand ouest dans une petite PME, DVK DEEM, qui distribue des emballages alimentaires pour l’industrie agro-alimentaire et la GMS. Cette expérience, riche d’autonomie m’amène au bout de 2 ans à avoir envie d’une structure un peu plus cadrante pour me faire grandir. Je rappelle le directeur régional de Sony France qui m’avait incité à le faire et…les planètes s’alignent : celui qui avait été recruté 2 ans auparavant vient d’être promu …un poste se libère !

Je débute donc chez Sony France comme commercial sud-ouest dans l’électronique grand public. Mon terrain de chasse est la GMS, GSS et le réseau spécialiste sur les 800 produits de la gamme grand public (TV, hifi, audio, vidéo…). Je découvre une entreprise qui se renouvelle tous les 6 mois, dont l’ADN est l’innovation et qui m’apportera beaucoup sur la dimension process et outils, techniques mais aussi sur la pratique de la résilience et le rebond. Je reste 4 ans à ce poste avant de prendre successivement plusieurs postes de Comptes clés à Paris. En 2004, on me confie le portefeuille le plus sensible pour Sony France : la ligne de produit TV, qui plus est en profonde mutation avec l’arrivée des flat displays, auprès de clients à fort enjeux de chiffre d’affaires. Je n’avais que 7 clients dans mon portefeuille mais des comptes à forte visibilité internes et externes : Darty, Fnac, boulanger, Conforma, But notamment.

En 2005, ma femme à la validation de sa demande de mutation en Polynésie comme professeur en BTS. Elle s’était reconvertie 5 ans plus tôt à notre arrivée à Paris après un parcours de plusieurs années en entreprise et avait passé l’agrégation d’économie. Je démissionne donc de Sony France pour changer de domaine et de fonction. Arrivé à Papeete je me pose la question de mon rebond professionnel et opte, pour la découverte de la fonction de formateur professionnel pour adultes avec un statut d’indépendant. Je commence par prendre la responsabilité des enseignements d’un nouveau BTS Commerce international de la CCI de Tahiti et me replonge notamment dans les incoterms…Je vais également être amené à animer des formations dans la vente auprès de publics de commerciaux. Un chalenge très excitant mais exigeant. Je me rends vite compte que la commercialisation et le développement de projet me manque et que la fonction de formateur ne suffit pas à mon épanouissement professionnel. Je trouve alors un accord avec la CCI de Tahiti qui souhaite développer son centre de formation professionnel continue : ils m’apportent la logistique financière et administrative et de mon de mon côté je crée les gammes, identifie les formateurs (locaux/métropole), définit la stratégie commerciale et commercialise l’offre auprès des entreprises et administrations. Cette expérience sera une répétition grandeur nature pour la création de mon premier centre de formation à la Réunion. Le contrat de ma femme se termine en 2009 à Tahiti et elle doit rejoindre la région parisienne pour sa prochaine mutation. Cette perspective est le déclic d’une nouvelle décision. J’étudie la possibilité de créer un centre de formation à l’île de la Réunion, travaille sur un business plan puis nous discutons du projet en famille. La décision est vite prise et le projet est à nouveau excitant mais challengeant ! Nous prenons nos billets pour l’île de la Réunion, moi en créateur d’entreprise et ma femme en disponibilité de l’éducation nationale.

En 2009 commence à la Réunion ma vie d’entrepreneur avec la création de CADRIFORMAT. Je découvre ainsi la face cachée de la fonction de chef d’entreprise dont j’avais, et on l’a tous au départ, une vision séduisante et idyllique. Il faut se faire connaître, ouvrir les portes, convaincre que l’on apporte quelque chose de novateur, que l’on est sérieux et fiable. On se prend beaucoup de refus, de peut-être et les prises de décisions de vos interlocuteurs ne sont pas sur le même tempo que le vôtre. On a derrière soit l’urgence de réussir, des enjeux financiers personnels pressants (des charges et peu de rentrées d’argent) et vos interlocuteurs ont des process de décisions et des cycles d’achats à respecter. Je retiens de cette période des journées de phoning et de prise de contacts interminables avec souvent 60 refus dans la journée et, parfois, en fin de journée, l’accord sur un Rdv…mais pas tous les jours ! Je retiens l’excitation des premiers accords, la charge importante de travail, l’extrême polyvalence pour tout faire soi-même, pas le choix ! Au passage, c’est à ce moment-là que j’ai apprécié d’avoir fait en 3ème année d l’INSEEC une spécialisation contrôle de gestion et ainsi avoir les bons réflexes de gestionnaire. Je retiens enfin l’un des points centraux du succès d’une démarche entrepreneuriale : la capacité à convaincre et à entraîner. On doit bien sûr convaincre ses clients, mais aussi et surtout ses fournisseurs et prestataires et enfin quand l’entreprise se développe, ses salariés. Le support et la flexibilité de ses partenaires sont vitaux surtout dans une entreprise de services. L’entreprise s’est développée progressivement, s’est structurée, a recruté (salariés, formateurs externes) pour grandir et est aujourd’hui reconnue sur le marché de la formation à la Réunion. L’entrepreneuriat est un projet qui se porte en famille, car il demande des efforts de tous. Ma femme a en effet dû se réorienter, comme elle n’avait pas eu sa mutation à l’île de la Réunion. Elle a fait le choix de la culture, secteur qui l’attirait depuis longtemps, a passé une licence de médiation culturelle et a ensuite travaillé, avec bonheur, plusieurs années au centre dramatique de l’océan indien. Nos 2 filles ont également beaucoup appris de ces périodes et se sont forgées une capacité d’adaptation à de nouveaux environnements culturels et l’envie d’intégrer « la bougeotte » à leur projet de vie et d’études !

Depuis 2014, avec 3 associés de longue date, nous avons réalisé de la croissance externe en rentrant au capital de 2 centres de formation basés à Paris : ERYS et ALTER COACH. Je suis devenu depuis cette date le gérant de ces 2 structures. 

Depuis 2017, nous sommes rentrés en famille à Bordeaux et je gère ces 3 structures à distance et le télétravail et mon quotidien. J’exploite ses forces et essaye de contenir ses limites !

La taille critique atteinte en assemblant ces 3 structures nous a permis d’engager les investissements nécessaires à la transformation de ces entreprises. Les mutations de cette branche professionnelle ont en effet été radicales depuis 10 ans avec une succession de plusieurs réformes législatives, l’obligation de certification des centres de formation, et enfin la digitalisation des process et des outils. Le 17 mars 2020, le confinement a fait basculer ce secteur sur le tout-digital, tout-distanciel. Une page blanche à écrire, un nouveau projet sur lequel équipes internes, formateurs, clients, devront embarquer « vitement » comme on dit à la Réunion ! Cette phase initiée en mars 2020 est pour moi intellectuellement et professionnellement riche en émulation et en nouvelles expérimentations : je redécouvre pleinement ce qui m’a fait choisir il y a quelques années l’entrepreneuriat.

Ce que je ferai maintenant sur les prochaines 15 années reste à écrire et je parie que je serai surpris quand je regarderai dans le rétroviseur dans 15 ans…à suivre !


Yann GUILLAUME (Promotion 1992 - INSEEC Bordeaux)

CONTACT : info@adi-inseec.com
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